Hypersensible en voie d'épanouissement.
Hypersensible en voie d'épanouissement.
J'écris ce texte alors que je ne m'intéresse vraiment à l'hypersensibilité que depuis quelques semaines. Et cela fait quelques semaines que je comprends un peu mieux ma vie, que je me comprends enfin moi.
J'écris ce texte alors que je ne m'intéresse vraiment à l'hypersensibilité que depuis quelques semaines. Et cela fait quelques semaines que je comprends un peu mieux ma vie, que je me comprends enfin moi.
Par Natalia @taliaonfire
Bientôt 30 ans, j'ai un job dans la communication où, malgré que je fasse bien mon boulot - enfin je crois -, je ne me sens constamment pas à ma place. J'ai ce sentiment permanent d'illégitimité qui me submerge assez souvent et qui me conduit à des phases intenses de culpabilité : "j'aurais dû traiter ce problème plutôt comme ça et pas comme ça", "tais-toi et observe, tu ne maîtrises pas assez le sujet!", "je pense que ce que j'ai dit était mal dit, je pense que j'ai bafouillé... j'ai dû passer pour une conne!".
Le pire c'est quand j'ai l'impression de ne pas savoir (ou pas assez), car c'est là que tout s'enclenche, j'ai très chaud, j'ai l'impression de ne plus contrôler mes pensées, j'ai l'impression que mes explications sont confuses, stupides et je m'en veux beaucoup, longtemps, trop longtemps. Je peux écrire de très longs mails pour me faire comprendre (que je préfère mille fois au téléphone et au risque de dire n'importe quoi "à chaud") tout en m'assurant surtout de ne blesser personne et les quelques mails de désapprobation voir de mécontentement reçus m'ont plongé dans des phases d'angoisse terribles où je finis comme toujours en pleurs et où je repasse l'histoire plusieurs heures, plusieurs jours dans ma tête.
Et ce n'est que la partie "boulot", si quelqu'un me klaxonne sur la route je vais angoisser automatiquement et je vais passer mon comportement au volant en revue pour savoir où "j'ai fauté" (alors même que bien souvent ce soit l'autre qui soit en tort), quand un vendeur ou une vendeuse me répond sèchement cela me brusque et me blesse au plus profond de moi.

Et l'injustice, mon dieu comme l'injustice peut me faire entrer dans une colère folle ! Plus jeune et beaucoup plus renfermée ces phases de colère face à des situations aussi variée qu'un homme qui manque ouvertement de respect à une femme, quelqu'un qui me passe devant dans une file, des propos racistes ou intolérants brulaient en moi, aujourd'hui elles peuvent sortir plus facilement ce qui m'aide (un peu) à passer à autre chose (quoi qu'après je me demande si j'ai bien fait de réagir et si j'ai bien réagi).
En famille, j'ai un papa très aimant mais extrêmement terre-à-terre et au caractère bien trempé, j'ai passé mon enfance à vouloir lui plaire et à mourir un peu à l'intérieur quand il me faisait sentir que je n'étais pas assez bien ou que du moins, je l'avais déçu ou ennuyé avec "mes futilités". Il va s'en dire que j'étais dans les premières de classe dans l'espoir de faire briller ses yeux d'un peu de fierté. "Tu sur-reagis" et "arrête ton cinéma" sont des phrases que j'ai souvent entendues et qui m'ont rendues encore plus susceptible aujourd'hui car mon papa ne me comprenait pas ou plutôt ne m'écoutait pas comme je l'aurais voulu et aujourd'hui je ne supporte pas quand on remet en doute ce que je dis (après avoir longuement réfléchi avant d'ouvrir la bouche car sans être sûre à 98% de ce que je vais énoncer, souvent je me tais) je ne supporte tellement pas que je peux avoir des réactions très agressives que mon compagnon a parfois du mal à comprendre (je réponds sèchement, agressivement et je crie beaucoup... souvent).

En amitié je me suis souvent entourée de personnes extraverties, avec une forte personnalité et que tout le monde aimait, des personnes que j'admirais et que j'essayais toujours d'aider au mieux en m'oubliant toujours un peu plus, en acceptant trop et en attendant rien en retour (puisque de toute façon je n'ai jamais rien reçu de ces relations). Je ne sais par quel miracle voilà 1 an que j'ai décidé de m'en éloigner pour m'écouter enfin et me protéger même si ça me fait aussi mal qu'une rupture amoureuse.
Et en amour justement ? Dois-je vraiment vous expliquer ? Je suppose que vous vous doutez de tous ces horribles personnages égocentriques vers lesquels je me suis tournée dans ma vie parce qu'eux aussi n'avaient pas peur de briller ou de l'ouvrir (souvent à tort), ces personnes qui m'ont détruite un peu plus avec leurs brimades et leurs jugements "tu n'es pas assez mince", "tu es tellement bête, réfléchis avant de parler", "c'est ça allez va y pleure, tu ne sais faire que ça", "tu es inutile" ...
Aujourd'hui heureusement j'ai la chance d'avoir lutté contre mes démons (sans vraiment en comprendre la cause puisque je me pensais venue d'une autre planète) et j'ai décidé il y a bientot 5 ans de laisser sa chance à quelqu'un de doux, attentionné et bienveillant (en gros tout ce qui ne m'intéressait absolument pas au départ) et je peux enfin dire que côté amour, je suis enfin heureuse.

Je vous épargne l'histoire de mon enfance où j'ai subi moqueries et rejet aussi bien à l'école que dans mes activités extra-scolaires... Aujourd'hui néanmoins je respire mieux car j'ai enfin compris que je n'étais pas qu'une horrible geignarde qui passe son temps à se victimiser mais que j'étais juste beaucoup plus sensible à mon environnement, aux autres et à la vie en général que la majorité des personnes qui m'entourent. Je comprends pourquoi "A star is born" ou "Le tombeau des lucioles" sont des films qui m'ont tellement émue que j'ai pleuré 7 jours portée par un sentiment inconditionnel d'amour et de tristesse mélangée et pourquoi ma musique préférée me soulève le coeur et m'envoie directement en orbite ou encore pourquoi un ciel magnifique m'émeut si facilement.
Je me comprends enfin et je ne suis plus seule. Bon sang que ça fait du bien !